Plan de l'analyse de
Intarissablement de Laforgue :
Introduction
Dans plusieurs de ses poèmes composée entre 1880
et 1887, Jules Laforgue (1860 - 1887) évoque les grands sujets qui hantent l’humanité,
comme le sens de la vie et de la mort, ou encore la puissance du temps. C’est
le cas dans Intarissablement s’intitulant « Intarissablement » que
nous allons étudier selon la problématique suivante :
Problématique : Montrez que ce poème constitue une interrogation
angoissante sur la condition humaine.
Jules Laforgue
Texte du poème Intarissablement
Intarissablement
Dire qu'on fond des cieux n'habite nul Songeur,
Dire que par l'espace où sans fin l'or ruisselle,
De chaque atome monte une voix solennelle
Cherchant dans l'azur noir à réveiller un cœur !
Dire qu'on ne sait rien! et que tout hurle en chœur.
Et que pourtant, malgré l'angoisse universelle,
Le Temps qui va roulant les siècles pêle-mêle,
Sans mémoire, éternel et grave travailleur,
Charriant sans retour engloutis dans ses ondes
Les cendres des martyrs, les cités et les mondes,
Le Temps, universel et calme écoulement,
Le Temps qui ne connaît ni son but, ni sa source,
Mais rencontre toujours des soleils dans sa course,
Tombe de l'urne bleue intarissablement !
12 novembre.
Jules Laforgue
Annonce des axes
I. L'angoisse face au temps
II. L'impuissance face au temps
III. Le pessimisme nuancé (teinté d'espoir)
Commentaire littéraire
I. L’angoisse face au temps
- La première partie de Intarissablement évoque la souffrance
universelle : « hurle ».
Le temps va très vite, cela est angoissant : « le temps roulant
les siècles pêle-mêle ».
- L’angoisse face au temps est aussi dans l’incompréhension.
- La première strophe est la quête de sens : besoin d’avoir
une réponse aux questions que l’on se pose.
- « les hurlements » : tous les êtres hurlent de cette douleur
de ne pas savoir.
- On remarque un
chiasme au vers 5 : « Dire qu’on ne sait rien !
et que tout hurle en chœur ! ». Cela traduit l’incapacité de
l’homme à cerner le temps.
- Il y a une opposition : le temps ne se préoccupe pas de l’angoisse
universelle avec un vers de transition : « pourtant » ; « malgré ».
- Dans la première strophe, on note une opposition entre « or » et « azur
noir » : angoisse.
- Il énonce un constat angoissant de l’absence de Dieu : « nul
Songeur » en utilisant le présent de vérité générale.
Cela participe à l’angoisse universelle.
II. L’impuissance face au temps
- Le temps ne peut pas être arrêté, il continue son « travail » inlassablement
et impitoyablement. Il apparaît comme un destructeur. « Le Temps
qui va roulant les siècles pêle-mêle, / Sans mémoire, éternel
et grave travailleur »
- « Charriant sans retour engloutis dans ses ondes / Les cendres des martyrs,
les cités et les mondes » le vers 10 marque une gradation qui insiste
sur l’impuissance de l’homme face au temps.
- Enjambement vers 9 et 10 : mise en valeur de ce qui est englouti.
- On trouve le lexique de l’eau : « roulant » ; « engloutis » ; « écoulement » ; « source » ; « intarissablement ».
Par des
métaphores, le temps est comparé à l’eau,
tel une rivière qui engloutit tout et qui ne s’épuise jamais.
Cela illustre et concrétise le message.
III. Le pessimisme nuancé (teinté d’espoir)
- Malgré une vision pessimiste dominante, on note quelque fois des éléments
rassurants au milieu d’autres plus inquiétants.
- Les vers 2 et 13 sont les lieux d’une vision lumineuse : « l’or
ruisselle » ; « soleils ».
- Conception contrastée du temps : « Le Temps, universel
et calme écoulement » :
une idée de tranquillité se dégage en opposition avec les
deux vers précédents où se dégage une image de puissance
destructrice et de fossoyeur.
Conclusion
En conclusion, Jules Laforgue nous présente dans le poème
Intarissablement une vision pessimiste et angoissante du temps, il évoque aussi l’impuissance
des êtres face à celui-ci. Mais il laisse toutefois une lueur d’espoir avec quelques éléments rassurants.
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