Selon l'auteur Eugène Ionesco (1909 - 1994) lui-même, la pièce La Cantatrice chauve lui a été inspirée par la méthode Assimil qu'il a utilisé pour apprendre l'anglais. Le manuel mettait en scène des Anglais typiques, les Smith, leur bonne Mary et leurs amis de longue date, les Martin.
L'origine du titre vient d'un lapsus d'un des comédiens répétant l'anecdote sur "le rhume" (scène 8), et qui aurait remplacé par erreur les mots "institutrice blonde" par "cantatrice chauve" !
La pièce compte 11 scènes, de longueurs très variables (les scènes 2, 3 et 6 étant très courtes).
La première représentation de cette pièce emblématique du théâtre de l'absurde a eu lieu le 11 mai 1950 au théâtre des Noctambules à Paris.
Les personnages de la pièce
- M. Smith
- Mme Smith
- M. Martin
- Mme Martin
- Mary (la bonne)
- Le capitaine des pompiers
Résumé de La Cantatrice chauve
Scène 1 :
La pièce commence dans le salon de M. Smith et Mme Smith, comme l'indique la didascalie initiale : "Intérieur bourgeois anglais, avec des fauteuils anglais. Soirée anglaise. M. Smith, Anglais, dans son fauteuil et ses pantoufles anglais, fume sa pipe anglaise…"
La pendule sonne de temps en temps, sans aucune logique quant au nombre de coups.
Au début, Mme Smith est la seule à parler, sur un sujet très banal (le repas du soir). M. Smith lit son journal, et fait claquer sa langue pour répondre aux répliques de sa femme. Déjà, la parole présente de nombreux signes d'illogismes : par exemple "la tarte aux coings et aux haricots", "Le yaourt est excellent pour l'estomac, les reins, l'appendicite et l'apothéose".
Puis M. Smith entre dans la conversation. Il lit dans le journal que une connaissance à eux, Bobby Watson est mort il y a deux ans : "Il est mort il y a deux ans. Tu te rappelles, on a été à son enterrement, il y a un an et demi", "Il y a déjà trois ans qu'on a parlé de son décès". Dans la conversation, on s'aperçoit ensuite que tous les membres de la famille de Bobby Watson s'appellent Bobby Watson, hommes comme femmes.
La scène se termine sur une petite dispute du couple, au cours de laquelle Mme Smith "montre ses dents".
Scène 2 :
Mary, la bonne, annonce que les amis des Smith, M. et Mme Martin, attendent à la porte. Mme Smith se plaint de ne rien avoir mangé de la journée, car ils attendaient les Martin pour manger, ce qui est en contradiction avec la scène 1 dans laquelle Mme Smith commente le repas qu'elle vient de terminer.
Scène 3 :
Mary fait entrer les Martin, en les réprimandant pour être venus si tard ("Vous n'êtes pas polis.").
Scène 4 :
M. et Mme Martin, qui devraient être un couple marié selon leurs noms, semblent pourtant penser ne pas vraiment se connaître : "M. Martin : il me semble, si je ne me trompe, que je vous ai déjà rencontré quelque part". Il s'en suit un dialogue ahurissant et comique dans lequel M. Martin citent des événements de sa vie, et Mme Martin se rend compte qu'elle y était aussi, mais ne se souvient pas d'y avoir été avec M. Martin ! Par exemple "Quelle coïncidence, ah mon Dieu, quelle coïncidence ! Ma chambre à coucher a, elle aussi, un édredon vert et se trouve au fond du corridor, entre les water, cher monsieur, et la bibliothèque !".
Scène 5 :
Dans cette scène, Mary nous indique qu'en réalité les Martin ne sont pas des époux car "tandis que l'enfant de Donald [Martin] a l'œil blanc à droite et l'œil rouge à gauche, l'enfant d'Elisabeth [Martin], lui, a l'œil rouge à droite et le blanc à gauche !"
Scène 6 :
Dans cette scène de deux courtes répliques, les Martin indiquent vouloir "vivre comme avant" (c'est-à-dire comme des époux).
Scène 7 :
La discussion débute avec difficulté entre les Smith et les Martin. Ils racontent des anecdotes très banales, en les annonçant comme des "choses extraordinaires", et les autres s'extasient devant ces anecdotes.
On sonne à la porte, Mme Smith va ouvrir mais personne n'est à la porte. Cette scène se répète trois fois. On sonne une quatrième fois à la porte. Mme Smith ne veut plus aller ouvrir car "L'expérience nous apprend que lorsqu'on entend sonner à la porte, c'est qu'il n'y a jamais personne". Finalement M. Smith va ouvrir, et c'est le capitaine des pompiers qui est à la porte !
Scène 8 :
Après un débat sur si oui ou non lorsqu'on entend sonner à la porte, c'est parce qu'il y a quelqu'un à la porte, le capitaine des pompiers avoue honteusement être venu pour demander aux Smith si il y avait le feu chez eux. Les Smith répondent que non, il n'y a pas le feu chez eux.
Il s'en suit un passage où les personnages racontent chacun à leur tour des anecdotes, mais celles-ci sont loufoques ou sans aucun intérêt.
Scène 9 :
Mary, la bonne, entre de nouveau en scène en disant que elle aussi veut raconter une anecdote. Les autres personnages s'y opposent. On se rend alors compte que Mary connaît le pompier, et qu'ils auraient peut-être eu une aventure ensemble.
Finalement, Mary raconte son anecdote, qui est en fait un poème sur le feu, tout en étant "poussée par les Smith hors de la pièce".
Scène 10 :
Le capitaine des pompiers s'en va. On a ici l'unique mention du titre de la pièce, sans lien logique avec le reste : "Le pompier : […] A propos, et la Cantatrice chauve ? […] Mme Smith : Elle se coiffe toujours de la même façon !".
Scène 11 :
Une conversation s'engage entre les 4 personnages restants (les Smith et les Martin), mais les propos des personnages sont de plus en plus courts et ont de moins en moins de sens, et ils ne se répondent pas entre eux, si ce n'est par les allitérations et les jeux phonétiques. La nervosité des personnages est grandissante, et ils finissent par ne dire plus que des lettres les unes après les autres. La scène se finit lorsque les personnages ne disent plus que un mot ou un bout de mot chacun, les mots formant une phrase : "C'est pas par là, c'est par ici", puis, dans l'obscurité, tous les personnages répètent ensemble cette phrase.
Lorsque les lumières se rallument, "M. et Mme Martin sont assis comme les Smith en début de la pièce. La pièce recommence avec les Martin qui disent exactement les mêmes répliques que les Smith dans la première scène, tandis que le rideau se ferme doucement".
La Cantatrice chauve lue par Eugène Ionesco
Analyse de La Cantatrice chauve et de l'absurde sur France culture
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