Plan de la fiche sur
Recueillement de Charles Baudelaire :
Introduction
Le poème
Recueillement de
Charles Baudelaire a été écrit en 1861, il a été publié dans l'édition posthume de 1868 des
Fleurs du mal.
Dans ce sonnet, Baudelaire personnifie la douleur qui l'agite. Cette douleur lui appartient ; ils ne font qu'un puisque c'est son âme qui souffre, qui est douleur. Il s'adresse à elle, et donc à lui-même pour s'apaiser, comme on parle à un enfant pour le calmer. Ce poème montre la mélancolie de Baudelaire dans les années qui précèdent sa mort (il est décédé en 1867).
Texte du poème Recueillement
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Lu par René Depasse - source : litteratureaudio.com
Recueillement
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal CLIX
Nous analyserons le poème par une
analyse linéaire.
Analyse linéaire du poème
I. Vers 1 et 2 - La douleur personnifiée
La
douleur est personifiée dès le premier vers (
définition de la personnification). Le poète fait de sa douleur une entité à part
entière :
- la majuscule :
Douleur
- la relation étroite qu’il entretient avec sa douleur : Ô, ma douleur, tu...
La progression ascendante du rythme renforce l’idée d’impatience flagrante de la Douleur.
Baudelaire parle à sa douleur comme on parlerait à un enfant : "sois sage", "tiens-toi tranquille", puis plus loin dans le poème "donne-moi la main". Baudelaire utilise le déterminant possessif "ma" =>
lien affectif entre le poète et la douleur.
La première injonction "Sois sage" est soulignée par une
allitération en [s], son doux évoquant une suggestion plutôt qu'un ordre. La deuxième injonction "tiens-toi plus tranquille" est soulignée par une allitération en [t], son plus dur évoquant une suggestion plus appuyée, et donc une influence du poète sur sa propre douleur.
Promesse d’un apaisement se traduisant par des vers ternaires, plus équilibrés et
qui confèrent aux vers un certain équilibre Le rythme du poème se ralentit au fil de la lecture, signe d'un
apaisement de la douleur au couors du poème.
II. Vers 3 à 7 - Le rejet du plaisir
Le poème Recueillement se place dans un paysage urbain cher à
Baudelaire, mais Baudelaire montre une ville sombre (atmosphère obscure). La rime entre "ville" et "vile" associe la ville à un adjectif péjoratif.
Vers 5 à 7 : vers faibles, très instables qui traduisent un bonheur factice.
Le poète apparaît comme un moralisateur : pour lui,
le plaisir implique l’esclavage (champ lexical de l'esclavage : "fouet", "bourreau", "servile").
Les plaisirs sont associssiés à des idées négatives : plaisir / fouet, fête / servile et remords =>
dévalorisation des plaisirs, du bonheur. Le poète rejette le plaisir.
Dans ces vers, on ressent que le poète livre une expérience personnelle et fait référence à ses propres expériences de la fête, le mot "remords" semble exprimer ses propres remords.
III. Vers 8 à 11 - La mélancolie du poète
Vers 8 : rythme ternaire, montrant que le poète a pris ses distances avec la fête.
Le poète souhaite séloigner du monde et des plaisirs passés : "Loin d'eux" au vers 9 est mis en évidence par le rejet en début de strophe. Les mots "Loin d'eux" sont isolés dans le poème (rejet, et point), de même que le poète veut s'isoler dans le monde et du tumulte.
Il y a encore un rapprochement du poète avec la douleur : Le déterminant possessif "ma", invitation à donner la main.
De nouveau , l'allitération en [m] dans "Ma Douleur, donne-moi la main" est un son doux évoquant une suggestion plutôt qu'un ordre.
Utilisation de l’impératif, mais tranquillité de la Douleur puisqu’il ne s’agit plus d’ordre mais de propositions.
Baudelaire exprime le regret du passé, montrant ainsi sa mélancolie : "défuntes Années", "surannées", "Regret".
Remord = culpabilité d’y être allé
Regret = non coupable mais regret de ne pas y être allé.
IV. Vers 12 à la fin du poème - La métaphore de la mort
Le coucher de soleil apparaît comme la métaphore de la mort, ce qui est montré par le
champ lexical de la mort : "moribond", "linceul".
On peut également remarquer que le soir, décrit dans le début du poème, peut être interprété comme un e métaphore de la vieillesse, précédant la mort lente arrivée du soir "il descend ; le voici" (vers 2).
Le titre du poème, Recueillement, prends alors tout son sens il s'agit du recueillement après le mort de quelqu'un.
La nuit s’est fait attendre et la répétition du verbe "entendre"; traduit une délivrance pour le poète et sa douleur qui sont maintenant égaux et se sont rapprochés : "ma chère".
L'expression "douce Nuit", qui est presque un
oxymore, et la majuscule à "Nuit" montrent que le poète se complaît dans cette noirceur, dans sa douleur et sa mélancolie.
Le soir et la nuit sont aussi une allégorie de la vieillesse et de la mort, atténuant le côté négatif de ces deux idées, et montrant que le poète ne craint plus la mort.
Conclusion
Faire le bilan des idées soulevées dans le poème
Recueillement.
Ouvrir la réponse sur un problème plus vaste.
Plan de commentaire possible :
I. Une souffrance personnifiée
1. Une exacerbation de la douleur
2. Une accalmie de la souffrance
3. La notion de plaisir
II. La mort omniprésente
1. Le passé
2. La mort
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