Plan de la fiche sur 
L'Ivrogne et sa femme de Jean de la Fontaine :
 
Introduction
Jean de La Fontaine est un auteur  célèbre du 17eme siècle -> Classicisme = Époque où l'Art doit être au  service de l’État et du Roi et au rayonnement de la France en s'inspirant de  l'Antiquité. But : Plaire pour instruire.
La Fontaine va s’essayer au genre le plus décrié de son  époque, dans lequel il va connaître le succès : Les Fables, d’où est tirée  la fable : 
L'Ivrogne et sa femme.
Pour écrire 
L'Ivrogne et sa femme,  La Fontaine s'est inspiré de 
La femme et L'Ivrogne, d’Ésope (écrivain  grec du 5ème siècle avant J.C. qui serait le « père » des  Fables).
Questions  possibles :
- Quel est l’intérêt de cette  fable ?
- S'agit d'un texte argumentatif ?
- A qui s'adresse la morale de la  fable ?
- S'agit-il d'un texte pessimiste ? 
- S'agit-il d'un texte comique ? 
- Ne peut-on pas dire que la morale est inutile ?

L'Ivrogne et sa femme - Jean de la Fontaine - Illustration G. Doré / J. Ettling
Texte de la fable
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Lu par René Depasse - source : litteratureaudio.com
   
L'Ivrogne et sa femme
Chacun a son défaut, où toujours il revient :
            Honte ni  peur n'y remédie.
        Sur ce propos, d'un conte il me  souvient :
            Je ne dis  rien que je n'appuie
        De quelque exemple. Un suppôt de  Bacchus
Altérait sa santé, son esprit et sa bourse.
Telles gens n'ont pas fait la moitié de leur course
            Qu'ils sont  au bout de leurs écus.
Un jour que celui-ci, plein du jus de la treille,
Avait laissé ses sens au fond d'une bouteille,
Sa femme l'enferma dans un certain tombeau.
            Là, les  vapeurs du vin nouveau
Cuvèrent à loisir. A son réveil il treuve
L'attirail de la mort à l'entour de son corps :
            Un  luminaire, un drap des morts.
Oh ! dit-il, qu'est ceci ? Ma femme est-elle veuve ?
Là-dessus, son épouse, en habit d'Alecton,
Masquée et de sa voix contrefaisant le ton,
Vient au prétendu mort, approche de sa bière,
Lui présente un chaudeau propre pour Lucifer.
L'époux alors ne doute en aucune manière
            Qu'il ne  soit citoyen d'enfer.
Quelle personne es-tu ? dit-il à ce fantôme.
            - La  cellerière du royaume
De Satan, reprit-elle ; et je porte à manger
            A ceux  qu'enclôt la tombe noire.
            Le mari  repart sans songer :
            Tu ne leur  portes point à boire ?
Jean de la Fontaine - Les Fables
 
Annonce des axes
I. Portrait d'un homme déchu (déchéance morale = dégradation)
1. Un ivrogne
2.  Un homme déshumanisé
3.  Une déchéance inéluctable
II.  L'histoire d'un échec (celui de la tentative de lutte contre le vice)
1.  Les efforts de la femme
2.  L'échec de ce stratagème
3.  Un échec inévitable
Commentaire littéraire
I. Portrait d'un homme déchu (déchéance morale = dégradation)
1. Un ivrogne
-  L'homme est complètement réduit à son vice (il n'est rien d'autre que sa  dépendance) -> titre + seules caractéristiques du personnage + Texte débute  par « ivrogne » (titre) et fini par « boire ».
  -  Le vin est son Dieu : « suppôt de Bacchus ».
  -  L'alcoolisme n'est pas le thème, ce n'est qu'un exemple. C'est le 
vice de  manière générale que veut dénoncer La Fontaine dans cette fable.
  ->  « Chacun a 
son défaut » => portée universelle de la fable +  présent de vérité générale.
  
2.  Un homme déshumanisé
-  Cet homme a renoncé à son humanité, seul son défaut est présent :  « Laissé ses sens au fond d'une bouteille » (vers 10).
-  Simple récipient : « plein du jus de la treille » (vers 9).
  =>  Le mari est passif. Les seuls moments où il entre en action sont aménés par sa femme  ou par le vin. La seule fois qu'il fait quelque chose, il le fait « sans  songer » (vers 27).
  
3.  Une déchéance inéluctable
-  La fable est construite sur le même plan que 
La Jeune Veuve : la morale est antéposée (au  début de la fable) -> annonciation de la fin (fatalité)
De  cette façon, la chute de la fable n'est pas atténuée (si elle était placé après  boire, cela n'aurait pas été aussi brutale et l'effet comique serait perdu).
Cette  fable repose sur la fatalité du vice, l'issue inéluctable. Le vice est une  habitude qui s'impose à l'homme.
II.  L'histoire d'un échec (celui de la tentative de lutte contre le vice)
1.  Les efforts de la femme
Toute  une mise en scène théâtrale, stratagème de la femme pour essayer d'aider son  mari (par amour ? par principe ? Pour l'argent ? (vers 8 :  « au bout de leurs écus »))
  =>  La femme se transforme en actrice, joue un rôle :
  La  mise en scène : à partir du vers 14 : l'attirail, luminaire, drap des morts, habit d'Alecton (déesse grecque de la vengeance). La  femme se fait passer pour une cellérière masquée, change sa voix, elle prépare  un chaudeau....
  =>  La femme cherche à créer une atmosphère inquiétante : elle enferme son  mari dans un « tombeau » ; vêtements lugubres ; elle  ressemble à un fantôme, « royaume de Satan » avec un rejet (vers 24 / 25) pour  insister, « tombe noire ».
  ->  Elle veut dramatiser la situation de son mari pour essayer de le faire réagir.
  
2.  L'échec de ce stratagème
-  Bien que la fin soit déjà pressentie par le lecteur du fait de la morale  antéposée, l'effet de chute est brutal et résumé en seul mot :  « boire », alors que le lecteur veut et peut encore croire jusqu'au bout  à une prise de conscience du mari.
-  Échec comique car renversement total de situation : décalage entre la  noblesse des sentiments de la femme, la gravité du milieu et la vulgarité de  l'ivrogne -> L'enfer est transformé en bistrot, la cellérière (donc sa femme)  en serveuse + la 
rime croisée « tombe noire » avec « boire ».
-  Efforts de la femme réduits à néant par un seul mot.
3.  Un échec inévitable
- Impuissance de la femme face au vice.
- La morale antéposée fait comprendre dès les premiers vers au lecteur que la femme  n'y arrivera pas.
- Pessimisme de La Fontaine qui dans cette fable défend la thèse que l'homme ne  peut pas changer face à ses vices.
Conclusion
     L'Ivrogne et sa femme de La Fontaine répond aux caractéristiques des fables (personnages, morale, visée  didactique). Cette fable est un 
apologue (récit court en  prose ou en vers dont on tire une instruction morale). Pourtant, le lecteur se rend compte que La  Fontaine joue avec le genre, d'une manière assez pessimiste. A quoi bon essayer  de détourner l'homme de ses vices, puisqu'il y retournera de toute façon ?
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